Licorne

La licorne (aussi L'unicorne, Le monocéros, Grec : Μονόκερως, Latin : Unicornis) est un animal fantastique comparable à un cheval blanc. Elle a un corps chevalin, une queue de lion, une barbiche de bouc, des sabots fendus, une corne particulièrement longue et particulièrement pointue, droite et spiralée au milieu du front. Elle est particulièrement féroce et aucun homme ne peut la capturer. Dans certaines parties du monde, on dit qu'elle aurait la faculté de voler.

Étymologie et autres noms

• Le nom licorne est un emprunt du XIV^e siècle à l'italien alicorno, qui est lui même une forme altérée du latin chrétien unicornis (corne unique). ^[1]
• La licorne est nommée monokeros (μονόκερως) en grec. ^[2]
• Dans L'Ancien Testament, le mot hébreu re'em (?????), équivalent de l'arabe rim, est traduit par licorne. ^[3]
• Le narval est aussi nommé licorne de mer.

Principales caractéristiques

La licorne est fréquemment dépeinte dans les bestiaires médiévaux (recueils de fables) comme un cheval blanc, arborant une corne spiralée sur le front, et pouvant vivre jusqu'à mille ans. Néanmoins, son aspect et son comportement changent quelquefois selon la région du monde où elle est censée être aperçue. Ainsi en Occident, elle est fréquemment décrite comme sauvage et indomptable tandis qu'en Orient, on racontait que c'était un animal paisible et doux, qui apportait la bonne fortune. Elle est cependant fréquemment décrite comme magnifique, sublime par sa blancheur et son innocence.

La licorne est évoquée pour la première fois en Occident dans les textes de l'historien grec Ctesias, vers 389 avant J. -C., sur la base de récits de voyageurs. Selon cet auteur, les licornes auraient habité l'Inde ; elles sont décrites comme des ânes sauvages aussi gros que des chevaux - et quelquefois plus toujours - au pelage blanc, à la tête rouge foncé ainsi qu'aux yeux d'un bleu profond. Sur leur tête se dressait une longue corne d'environ 50 cm de long, le plus souvent blanche à la base, noire au milieu et rouge sur le bout. Somme toute, c'est un animal fabuleux, mélange de rhinocéros indien, d'antilope de l'Himalaya et d'âne sauvage.

Source et éléments de la légende

Ce qui caractérise principalement la licorne, c'est sa corne unique. Les cornes des mammifères peuvent prendre des formes diverses. Tandis que sur le front, elles forment normalement une paire, il arrive aussi qu'une seule des deux cornes se développe. Plus impressionnant, car le résultat est alors idéalement central, elles peuvent fusionner, ce qui donne une corne unique. C'est surtout le cas des cornes de certaines chèvres. Ainsi, conformément à la légende, quelques animaux à corne unique et ressemblant à la description classique de la licorne occidentale sont attestés (dont un bouc en 1982, dans un zoo américain). Évidemment, de tels animaux, naturels mais rarissimes, ne forment pas une espèce mais uniquement des spécimens monstrueux, et on peut comprendre qu'ils aient suscité des interprétations magiques.

Les défenses de narval furent identifiées comme celles de licornes, ajoutant de la crédibilité au mythe, entretenu par ce cadeau mystérieux entre princes. Il s'agit en fait de dents spécifiques.

Les antilopes africaines de type oryx et le rhinocéros indien, plus petit que l'africain et avec une corne unique, ont aussi été présentés comme une explication envisageable, car leur description à partir de ces pays lointains laisse de la place à de nombreuses déformations.

Licorne occidentale

L'historien grec Ctésias (vers 400 av. J. -C. ) rapporte l'existence d'un animal sauvage dont la corne possédait des propriétés médicinales.

La licorne occidentale était un quadrupède magique, blanc, avec une corne torsadée sur le front. Elle se rapproche du cheval, par la forme générale et la taille, mais également de la chèvre, dont elle a les sabots fourchus et la barbiche, ou des cervidés.

Le symbolisme sexuel de la licorne est assez explicite. La licorne est femelle et vierge, mais sa corne lui donne un attribut mâle. Symbole de sagesse et de pureté, elle ne pouvait être approchée et apprivoisée que par une jeune fille vierge. Certains contes rapportent l'histoire d'un homme qui parvient à vaincre une licorne, en échappant à un coup de sa corne qui s'enfonce dans un arbre, ce qui laisse l'animal à la merci de l'homme, qui peut alors s'emparer de sa corne.

Les légendes racontent que la corne unique fait office d'antidote. Sous forme de poudre, elle favorise la guérison des blessures. Elle sert à purifier les eaux et de neutraliser les poisons : le Roi de France disposait d'une corne de licorne à cet usage, ce qui pour tout autant ne lui faisait pas négliger des précautions plus terre-à-terre.

Bestiaire

Voici le Bestiaire divin de Guillaume le Clerc de Normandie.

"Nous allons parler désormais de la licorne : c'est un animal qui ne possède qu'une seule corne, positionnée au milieu du front. Cette bête a tant de témérité, elle est si agressive et si hardie, qu'elle s'attaque à l'éléphant : c'est le plus redoutable de l'ensemble des animaux qui existent au monde. La licorne a le sabot si dur et si tranchant qu'elle peut idéalement se battre contre l'éléphant. Et l'ongle de son sabot est si aigu que, quoi que ce soit qu'elle en frappe, il n'est rien qu'elle ne puisse percer ou fendre. L'éléphant n'a aucum moyen de se défendre lorsqu'elle l'attaque, car elle le frappe sous le ventre si fort, de son sabot tranchant comme une lame, qu'elle l'éventre entièrement. Cette bête possède une telle vigueur qu'elle ne craint aucun chasseur. Ceux qui veulent tenter de la prendre par ruse et de la lier vont en premier lieu l'épier tandis qu'elle est en train de jouer sur la montagne ou dans la vallée; une fois qu'ils ont découvert son gîte et relevé avec soin ses traces, ils vont chercher une demoiselle qu'ils savent vierge, puis ils la font s'asseoir au gîte de la bête et attendre là pour la capturer. Quand la licorne arrive et qu'elle voit la jeune fille, elle vient aussitôt à elle et se couche sur ses genoux; alors les chasseurs, qui sont en train de l'épier, s'élancent; ils s'emparent d'elle et la lient, puis ils l'amènent devant le roi, de force et aussi vite qu'ils le peuvent. "--Guillaume le Clerc de Normandie, Bestiaire divin, Chapitre 16. Unicorne.

Héraldique

La licorne est aussi une figure héraldique imaginaire qui, selon la tradition, a des sabots fourchus de cervidés et une barbiche sous la gueule. On la retrouve en particulier dans les ornements extérieurs de l'écu.

Dans les armes de Grande-Bretagne, le lion représente l'Angleterre et la licorne, l'Écosse. La présence combinée de ces deux créatures symbolise l'union impériale des deux couronnes.

Sur le même modèle, lion et licorne figurent aussi dans les armoiries du Canada. Ici, cependant, la licorne porte la bannière des armes de France (trois fleurs de lys d'or sur fond azur), identique au blason royal de France qui ornait la croix plantée par Jacques Cartier à Gaspé, symbole de la Chose française (de Gaulle) en Amérique. En France, on trouve la licorne dans les armoiries de la ville normande de Saint-Lô et de la ville alsacienne de Saverne.

La licorne chinoise (qilin)

Elle ressemble peu à celle décrite en Europe. Elle est fréquemment comparée à un reptile à queue de bœuf, proche du cerf et portant sur le front deux cornes recouvertes de fourrure. Elle représente la douceur, la bonté et la prospérité (en particulier chez les enfants et les adolescents).

La licorne est aussi un symbole de perspicacité, et était habituellement représentée dans les tribunaux chinois du dispositif impérial sur la tenture séparant la salle d'audience et le cabinet du magistrat.

Avec le dispositif des cinq éléments, la licorne est associée aux quatre animaux bénéfiques, à savoir le dragon azur, l'oiseau vermillon, le tigre blanc et la tortue noire. Elle est censée vivre mille ans et apparaît lors de l'apparition des empereurs et des grands sages. Elle symbolise le bonheur d'avoir des enfants.

Animal vivant avec un seul bois

Le parc naturel de Prato en Italie abrite un chevreuil âgé d'un an avec un bois unique. Le directeur du parc pense qu'il s'agit d'une anomalie génétique mais il ajoute «voici que le mythe devient réalité»^[4]

Notes et références

Bibliographie

• Andrea Marini, Discorso contro la falsa opinione dell'Alicorno, 1566, Venise.
• André Thevet, Cosmographie universelle, Paris, 1575, liv. V, ch. 5.
• Ambroise Paré, Discours d'Ambroise Paré : A savoir, de la mumie, de la licorne, des venins et de la peste, Paris, 1582.
  

Cet ouvrage occupe une place à part dans la littérature sur le sujet : c'est le premier ouvrage entièrement consacré à une discussion de l'existence de la licorne et des propriétés de sa corne, avec des arguments scientifiques, tant rationnels qu'expérimentaux.

• Ambroise Paré, Voyages et apologie suivis du Discours de la licorne, 1928.
• Conrad Gesner, Historia Animalium; liber primus, qui est de quadrupedibus viviparis, Zurich, 1551, fol. 35v-39.
• Ulysse Aldrovandi, De quadrupedibus solidipedibus, 1616.
  • Frontispice détail de la Licorne.
  • ch. 5, De asinis cornutis, pp. 382-383.
  • ch. 6, De monocerote sive unicorni proprie dicto, pp. 384-415.
• Edward Topsell, The History of Four-Footed Beasts, Londres, 1607, Of the Unicorn.
• Jon Jonston, Historiæ Naturalis De Quadrupedibus, Francfort, 1652, ch. 6, De Monocerote, & Asinis Cornutis, pp. 37-40.
  • Tab :X, Monoceros Unicornu, Capricornu Marin, Monoceros Unicornu.
  • Tab :XI, Onager Aldro, Monoceros seu Unicornu Iubatus, Monoceros seu Unicornu aliud.
  • Tab :XII, Onager, Lupus Marinu, Capra Sÿluestris.

Voir aussi

• La Dame à la licorne (Tapisserie de la série, Musée national du Moyen Âge, Paris. )
• La Chasse à la licorne (Tapisserie de la série, vers 1500, Musée des Cloisters, New York. )
• Licorne (constellation)
• Les Dames à la licorne, un roman de René Barjavel.
• La Dernière Licorne, long métrage d'animation de 1982.
• L'Enfant et la Licorne, film réalisé par Carol Reed, sorti en 1955.
• U, film d'animation français de 2006.
• Les différentes espèces de licornes dans le jeu de rôle Donjons et dragons.
• Cryptozoologie
• Légende urbaine
• Licorne rose invisible (religion parodique)

Liens externes

• Bruno Faidutti, Images et connaissance de la licorne
• Pascal Gratz, De Monocerote - Zur Rezeptionsgeschichte des Einhorns
• Aaron J. Atsma, Theoi Greek Mythology : Equus Unicorn
• David Badke, The Medieval Bestiary : Unicorn
• David Badke, The Medieval Bestiary : Monocerus

• Dave's Mythical Creatures and Places - Unicorns
• American Museum of Natural History, Mythic Creatures : Unicorns, West and East
• Josef H. Reichholf, Fabelhaftes Einhorn. Entzauberung eines Mythos
• Institut Virtuel de Cryptozoologie - La licorne

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